Belleville réclame la sécurité pour tous

Des membres de la communauté chinoise ont manifesté dimanche 20 juin pour réclamer "la sécurité pour tous". AFP

Après les incidents qui ont émaillé dimanche une manifestation de la communauté asiatique, la vie reprend son cours dans le quartier de Belleville, à Paris. Au delà d’une tension entre les communautés, c’est un besoin urgent de sécurité qui se fait ressentir.

Ce lundi, le calme est revenu à Belleville et les stigmates des violences de la veille ont déjà quasiment disparu. Belleville, qui s’étend sur quatre arrondissements à Paris, a vécu dimanche 20 juin un après-midi cauchemardesque. Alors que des manifestants asiatiques défilaient, à l’appel d’associations franco-chinoises, pour revendiquer un « droit à la sécurité pour tous », des échauffourées ont éclaté pendant la dispersion du cortège. Au cœur des violences, des tensions communautaires dont témoignent certaines images.« Le climat d’insécurité s’est aggravé »

Dans le quartier, ils sont rares à vouloir parler. Et nombreux à minimiser les tensions communautaires. Thing Ngo, un restaurateur, l’assure, « il n’y pas de problème particulier avec les autres communautés ». « Je travaille avec tout le monde, les soucis sécuritaires concernent tous les habitants du quartier, pas uniquement les Chinois », ajoute-t-il.

Si la présence policière se fait plus visible, il est difficile d’imaginer que de très violents accrochages ont eu lieu. « Les dégats matériels sont mineurs », raconte un commerçant.

A proximité de la place de Belleville, restaurateurs asiatiques et traiteurs halal se jouxtent et tous semblent vivre en bonne harmonie. « Je ne crois pas que l’on puisse parler de racisme. Les débordements d’hier [dimanche 20 juin, NDLR] sont tout simplement l’œuvre de voyous, explique Patrick, présent lors de la manifestation. Néanmoins, je vis depuis 20 ans ici et le climat d’insécurité s’est aggravé progressivement. »

La peur d’une communauté

Dans la communauté asiatique, d’autres résidents sont plus directs. Pour eux, l’origine des problèmes est toute connue. Une commerçante n’y va pas par quatre chemins. Selon elle, « les femmes asiatiques sont souvent victimes d’agressions de Noirs ou d’arabes ». Le mot est lâché, il ne fait aucun doute pour elle qu’il existe un « racisme anti-chinois ».

Plus loin, un cafetier donne une autre version de la provenance des troubles: « Si les Asiatiques sont souvent visés par des agressions, c’est uniquement parce qu’ils sont en position de faiblesse pour se défendre. » Comprendre: un certain nombre de ces victimes seraient sans papiers, il est donc pour eux très risqué de porter plainte auprès de la police.

Joint par LEXPRESS.fr, la mairie du 20e , qui soutenait la manifestation pacifique de dimanche, appelle aujourd’hui à la « retenue ». « La communauté chinoise doit pouvoir utiliser ses droits autant que tout le monde », explique t-on. Si elle reconnaît une augmentation des violences et une « tentation au repli communautaire », la mairie rappelle que la communauté asiatique s’ouvre progressivement. En accord avec les municipalités du 10e, 11e, 19e et 20e arrondissement, un comité de pilotage, où sera représentée la communauté chinoise, sera prochainement mis sur pied. « On veut simplement vivre les uns avec les autres en toute sécurité », conclut Thing Ngo.

Guillaume Stoll (LEXPRESS.fr)

Published in: on juin 21, 2010 at 7:13  Laissez un commentaire  

Laïcs : Ne vous voilez pas la face !

Le port de la burqa fait débat en France, son interdiction serait fidèle à l'esprit laïc Français. DR

L’Assemblée Nationale s’apprête à voter le 11 mai prochain une résolution en faveur de l’interdiction du port du voile intégral préalable à une loi. Après les débats soulevés par la commission d’enquête parlementaire et la coïncidence d’un débat sur l’identité nationale maladroit, le Parlement s’apprête donc enfin à légiférer. Appelés à la modération après les recommandations du Conseil d’État, les parlementaires de la majorité devrait pourtant soutenir l’idée d’une interdiction générale sur la place publique du niqab. Après une longue période de discussions et de controverses, il était grand temps de passer à l’action et d’en finir avec un débat qui tournait en rond. Contraire à l’idée de la dignité de la femme et portant atteinte aux principes d’égalité des sexes, la burqa n’a en effet rien à voir avec l’Islam laïc tel qu’il est imaginé en République Française. Ne devant être prisonnière d’aucune idéologie ni otage d’intérêts à des fins électoralistes, cette question nous interroge avant tout sur la société que nous souhaitons. Basée sur la sacro sainte laïcité qui fait notre exception, la France a toujours, depuis 1905, exprimé sa méfiance à l’égard des expressions excessives de religiosité. Sans renier ses racines judéo-chrétiennes, la France se doit d’ouvrir plus largement sa place à un Islam de France et cela dans un strict respect des principes de laïcité. Croire, et ce quelque soit son culte, est une liberté fondamentale qui ne saurait être respectée sans en réserver son exercice à la seule sphère privée. Le retour du religieux étant souvent signe d’une incapacité de l’État à répondre aux besoins de la société, la burqa en étant l’expression la plus radicale, elle n’a donc pas sa place en France et ce peu importe la religion qu’elle légitime.

Guillaume Stoll

Ces ultras incompris

A l'origine de gigantesques tifos, comme ici à Marseille, les Ultras sont garants d'une bonne animation à chaque match. Photo : OM.net

Alors que les pouvoirs publics s’interrogent sur les solutions à apporter aux phénomènes de violence autour du football, les groupes de supporters Ultras font part de leur malaise et craignent l’amalgame.

Stigmatisés, montrés du doigt et tenus responsables des débordements en marge des terrains, les Ultras sont aujourd’hui la cible des instances nationales. Cette saison en France est en effet émaillée de nombreux incidents. De Paris à Nice en passant par Grenoble et Montpellier, des actes de violences sont venus gâcher la fête. Après la médiatique dissolution des Boulogne Boys en 2008, la multiplication des interdits de stade et les nouvelles mesures répressives, ces « professionnels du supportérisme » s’inquiètent d’un climat qu’ils jugent de plus en plus hostile et néfaste au football tel qu’il le conçoit. Mais en quoi un ultra se distingue t-il des autres supporters ?. « Il est là pour animer son stade, défendre son groupe quand il le faut, représenter sa ville partout où joue son équipe, il vit sa passion à fond voir même pousser à l’extrême » explique Mathieu, un membre actif des Ultras Auxerre. C’est donc avant toute chose une mentalité, des valeurs à défendre.

Anti-système

Souvent évoqués sans jamais vraiment les connaître, les Ultras sont dans l’œil du cyclone. Supporters actifs de leur club, chargés de l’animation des stades (tifos, chants…), ils organisent leurs activités sous une forme associative. Se considérant comme des acteurs indispensables du football, ils agissent selon le même mode qu’un syndicat. En majorité jeunes, ces « rebelles » du système se refusent à accepter la morale du fair-play qu’ils considèrent comme hypocrite.
«Aux yeux des ultras, le football est un combat entre deux camps et qu’il faut gagner » expliquait Nicolas Hourcade, sociologue, à l’issue du Congrès National des Associations de Supporters organisé fin janvier. « Cela légitime d’insulter l’adversaire et de lui mettre la pression » ajoutait-il. Une mentalité aux antipodes de la vision consensuelle à laquelle adhère la grande famille du football français. En lutte contre le pouvoir de l’argent et le business qui entoure ce sport, ils ont pour objectif d’être reconnus comme des acteurs à part entière du football.

Le rapport à la violence

« Solidarité, entraide, fraternité, esprit de groupe, humilité et cohésion sont des mots forts qui veulent dire beaucoup de choses dans le mouvement » ajoute Mathieu, qui du haut d’une nacelle en tribune se charge de « réveiller » les supporters d’Auxerre. Pour ce qui est du recours à la violence, le sujet reste encore tabou. Officiellement, ils la rejette, ceci les distinguent d’ailleurs des hooligans qui n’appartiennent à aucun groupe et composent ceux que l’on appelle les « indépendants ». Pour autant quelques ultras n’hésitent pas à franchir le pas. « Il existe des rivalités très fortes entre certains clubs » reconnaît-il.
Seulement, après la mort d’un supporter parisien la semaine dernière, l’étau se resserre et menace de toucher durement le milieu Ultra qui animent nos stades.
Le foot étant le miroir de la société, le risque serait d’adopter un modèle Anglais avec des stades hyper vidéo-surveillés, uniquement accessibles pour quelques riches privilégies triés sur le volet.

Guillaume Stoll

La grippe A dans tous ses états

Juin 2009, découverte des premiers cas de grippe A chez des élèves, on en fait la Une des journaux, comme ici dans un collège de Toulouse. Chaque nouveau cas déclaré est alors surmédiatisé. | Photo Maxppp

A peine avions-nous oublié l’existence de sa grande sœur, la grippe aviaire, que le monde entier découvre une nouvelle grippe, née dans un village mexicain elle provoque alors avec elle une véritable pandémie médiatique.

On l’a connue porcine, mexicaine, aujourd’hui A (H1N1), la nouvelle grippe a souvent changé d’appellation pour finir par mieux passer à l’antenne. A l’heure où débute la campagne de vaccination en France contre le virus, voyons comment nous sommes passés d’une période d’alarmisme à une phase propice au relativisme, à la dérision et aux thèses du complot.

La grippe A « star » des médias

Depuis son apparition en mars 2009, elle a eu le privilège de faire la une de tous les journaux, « star » des médias tout l’été, le feuilleton à rebondissements n’a pas cessé d’envahir l’espace médiatique jusqu’à l’overdose. Madame Chan, directrice générale de l’OMS, avait ses interventions publiques retransmisses en direct sur les chaînes d’information en continu, les journalistes se précipitaient à chaque cas de grippe A signalé, école ou colonie peu importe les envoyés spéciaux étaient présents, il devenait ainsi impossible de ne pas être au courant de la pandémie et même lorsqu’un célèbre journaliste de RTL a la grippe A, on en parle. Trop c’est trop, un sentiment général envahit alors l’opinion, la grippe A oui, mais à doses homéopathiques. Entre inquiétude et relativisme, l’opinion a choisi, il souffle aujourd’hui un vent de minimisation du danger lié à la grippe A. Un sondage IFOP mené les 22 et 23 octobre dernier pour Dimanche Sud Ouest indiquait que plus de 8 français sur 10 ne craignaient pas la grippe H1N1.

H1N1 pris en grippe

Il est aujourd’hui devenu à la mode, parmi les observateurs, de critiquer l’emballement des médias suscité par la pandémie de H1N1. Mais pas seulement, les blogs, réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter s’en donnent à cœur joie. Il suffit de circuler un peu sur Internet pour s’en rendre compte, en tapant « Grippe A médias » sur le moteur de recherche Google, il vous sera possible de trouver près d’un million huit cent mille résultats. « Médiatisation excessive », « Alarmisme ambiant », les critiquent fusent et Internet en ait le relais. On critique ce que l’on considère excessif mais on le moque aussi.
Sur Facebook, par exemple, plusieurs milliers d’internautes s’amusent à « refiler la grippe A » à leurs amis » grâce à une application sous forme de jeu. De Yann Barthès aux Guignols sur Canal +, on s’amuse de Roselyne Bachelot qui nous invite à jeter nos mouchoirs usagés. Sur les sites de partage de vidéos, plusieurs clips se plaisent à parodier la campagne de prévention du gouvernement. Il est devenu coutumier dans les discussions de comptoir, de se moquer du climat alarmiste qu’a produit la sphère politico-médiatique.
Oui mais voilà, le peuple a certes raison quant il s’agit de s’insurger contre la surmédiatisation d’une simple « grippette » dixit le Pr Debré, il peut également s’en moquer, mais il se fourvoierait s’il devait s’agir de nier la réalité et de tomber dans l’éternel thèse de la conspiration.

Entre paranoïa et science-fiction

Internet a beau être un merveilleux outil de communication, il n’en demeure pas moins qu’au sujet de la grippe A, on y trouve tout et surtout n’importe quoi. Pétitions contre la vaccination, groupes anti-vaccin sur Facebook, on retrouve même sur des forums des internautes assimilant le vaccin à une arme de destruction massive, il serait destiné selon eux à régler les problèmes de croissance démographique du monde… la paranoïa la plus absolue s’empare du net. Il n’y a qu’à voir cette vidéo sur Youtube intitulé sobrement « La grippe A H1N1, La vérité cachée » pour se rendre compte du délire collectif qui envahit certains communautés d’internautes. Cette vidéo, vue à plus de 50 000 reprises depuis plus d’un mois, nous explique que la grippe A n’a jamais existé et que le vaccin n’est qu’un prétexte pour stopper l’évolution neurologie naturelle de l’Homme en lui injectant des plasmides. Et le pire dans toute cette histoire, c’est qu’au vu des commentaires laissés, certains y croient. Mais relativisons, les aficionados de ces thèses restent minoritaires.
Ainsi il est aisé de dénoncer la surmédiatisation de la grippe A, mais méfions-nous des théories révisionnistes et farfelues. Ceux qui reprochent aux médias de détourner les esprits faibles et de les submerger d’informations, sont les premiers à ressortir des histoires dignes des meilleurs romans de Philip K. Dick.

Guillaume Stoll

Egalité au féminin

Entre 2600 et 15 000 personnes, selon les sources, ont manifesté ce samedi 17 octobre 2009 entre la place de la Batille et Opéra, à l’appel du Collectif National pour les Droits des Femmes. Crédit photo : G.Stoll

Plusieurs milliers de personnes sont descendus dans les rues de Paris ce samedi 17 octobre, pour manifester leur soutien à la cause féministe, et ce à l’appel de plus d’une centaine d’associations et partis politiques de gauche.

C’est au rythme des percussions que débute la manifestation, entre sourires et slogans offensifs crachés des mégaphones, l’ambiance est au beau fixe pour les quelques milliers de personnes présentes. En milieu de cortège, Stéphanie, une militante CGT, nous explique être ici pour dénoncer « les inégalités de salaires entre hommes et femmes ». Si elle se veut relativement optimiste quant à l’issue de la lutte féministe, elle avoue que le défi est lourd, « c’est comme vouloir déplacer un mammouth ».
Pour soutenir la cause des femmes, plusieurs responsables politiques et syndicaux ont tenu à faire le déplacement, Martine Aubry, Olivier Besancenot, Jean Luc Mélenchon, Arlete Laguiller ou encore Bernard Thibault étaient entre autres présents.
Motivés, les femmes et hommes présents à cette manifestation, resteront soudés tout le long du trajet entre Bastille et Opéra, et ce n’est pas une violente averse d’une vingtaine de minutes qui les décourageront.

« On veut un travail égal à salaire égal ! »

Les slogans fusent, les sonos hurlent dans les tympans et Olivier Besancenot, au milieu d’un impressionnant cortége du NPA constitué es-sentiellement de jeunes, nous explique la motivation de sa présence : « l’égalité entre hommes et femmes restent un combat et des –
droits essentiels pour les femmes sont en train d’être remis en cause »
(NDLR : le projet socia-liste sur l’IVG en Espagne est fortement contes-té), de plus il considère les femmes comme « les premières victimes de la crise ».
Plus loin dans le cortège, le patron du Parti de Gauche, J-L Mélenchon considère que « la lutte féministe est au cœur des questions de rapports de forces sociales », la femme est souvent « exploitée » et « sous-payée », selon lui « le féminisme n’appartient pas au passé », il reste une lutte contemporaine. L’ancien socialiste réclame des « sanctions » à l’égard des patrons qui ne respectent pas la loi sur l’égalité des salaires, constat amère puisqu’en moyenne les femmes touchent près de 21 % de salaire en moins que les hommes.

« Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours »

Les chiffres sont effrayants, en France, en 2009 les femmes représentent 80 % des travailleurs pauvres, assurant l’essentiel du travail ménager et l’éducation des enfants. Quatre-vingt-cinq pour cent des emplois à temps partiel sont au-jourd’hui occupés par des femmes et leurs retraites sont en moyenne inférieures de 600 euros par mois. Autre fléau constaté, la violence faite aux femmes, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint, tandis qu’une femme est violée toutes les 10 minutes.
Michelle, retraitée, est membre de la Grande Loge Féminine de France (NDLR : Franc-maçonnerie), elle est féministe car elle constate l’inégalité des sexes dans « l’expérience de tous les jours », « dès l’enfance on l’enregistre, nous sommes dans une culture dominé depuis tou-jours par l’homme ». Pour Michelle, il suffit de regarder nos élites politiques où il existe une « sous représentation féminine », dans le même ordre d’idées elle nous explique que les grandes loges maçonniques sont essentiellement masculines et que la présence de femmes est stricte-ment interdite.
Le combat contre les inégalités entre hommes et femmes a encore de beaux jours devant lui. Au cœur de la manifestation, plusieurs slogans s’entrechoquent, les messages sont parfois confus mais l’essentiel est là : le mouvement féministe compte bien peser sur les débats à l’heure où la femme du XXI ème siècle cherche à s’affirmer (NDLR : du 15 au17 octobre se tenait à Deauville le 5ème forum des Femmes, un « Davos » au féminin).
Arrivés place de l’Opéra on se disperse, plusieurs responsables associatifs prennent la parole, micro en main, pour évoquer le succès de la manifestation et remercier tout le monde. On appelle à la mobilisation, et surtout à ne pas baisser les bras. Martine Aubry a depuis long-temps quitté la manifestation, les cameras TV aussi, restent les militants de la première heure et Stéphanie notre élue CGT qui résume bien la situation: « il y aura toujours des femmes fortes de leurs convictions qui combattront les inégalités, mais en attendant des femmes souffrent ». Le combat continue, c’est celui d’une vie.

Guillaume Stoll