Egalité au féminin

Entre 2600 et 15 000 personnes, selon les sources, ont manifesté ce samedi 17 octobre 2009 entre la place de la Batille et Opéra, à l’appel du Collectif National pour les Droits des Femmes. Crédit photo : G.Stoll

Plusieurs milliers de personnes sont descendus dans les rues de Paris ce samedi 17 octobre, pour manifester leur soutien à la cause féministe, et ce à l’appel de plus d’une centaine d’associations et partis politiques de gauche.

C’est au rythme des percussions que débute la manifestation, entre sourires et slogans offensifs crachés des mégaphones, l’ambiance est au beau fixe pour les quelques milliers de personnes présentes. En milieu de cortège, Stéphanie, une militante CGT, nous explique être ici pour dénoncer « les inégalités de salaires entre hommes et femmes ». Si elle se veut relativement optimiste quant à l’issue de la lutte féministe, elle avoue que le défi est lourd, « c’est comme vouloir déplacer un mammouth ».
Pour soutenir la cause des femmes, plusieurs responsables politiques et syndicaux ont tenu à faire le déplacement, Martine Aubry, Olivier Besancenot, Jean Luc Mélenchon, Arlete Laguiller ou encore Bernard Thibault étaient entre autres présents.
Motivés, les femmes et hommes présents à cette manifestation, resteront soudés tout le long du trajet entre Bastille et Opéra, et ce n’est pas une violente averse d’une vingtaine de minutes qui les décourageront.

« On veut un travail égal à salaire égal ! »

Les slogans fusent, les sonos hurlent dans les tympans et Olivier Besancenot, au milieu d’un impressionnant cortége du NPA constitué es-sentiellement de jeunes, nous explique la motivation de sa présence : « l’égalité entre hommes et femmes restent un combat et des –
droits essentiels pour les femmes sont en train d’être remis en cause »
(NDLR : le projet socia-liste sur l’IVG en Espagne est fortement contes-té), de plus il considère les femmes comme « les premières victimes de la crise ».
Plus loin dans le cortège, le patron du Parti de Gauche, J-L Mélenchon considère que « la lutte féministe est au cœur des questions de rapports de forces sociales », la femme est souvent « exploitée » et « sous-payée », selon lui « le féminisme n’appartient pas au passé », il reste une lutte contemporaine. L’ancien socialiste réclame des « sanctions » à l’égard des patrons qui ne respectent pas la loi sur l’égalité des salaires, constat amère puisqu’en moyenne les femmes touchent près de 21 % de salaire en moins que les hommes.

« Le féminisme n’a jamais tué personne, le machisme tue tous les jours »

Les chiffres sont effrayants, en France, en 2009 les femmes représentent 80 % des travailleurs pauvres, assurant l’essentiel du travail ménager et l’éducation des enfants. Quatre-vingt-cinq pour cent des emplois à temps partiel sont au-jourd’hui occupés par des femmes et leurs retraites sont en moyenne inférieures de 600 euros par mois. Autre fléau constaté, la violence faite aux femmes, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint, tandis qu’une femme est violée toutes les 10 minutes.
Michelle, retraitée, est membre de la Grande Loge Féminine de France (NDLR : Franc-maçonnerie), elle est féministe car elle constate l’inégalité des sexes dans « l’expérience de tous les jours », « dès l’enfance on l’enregistre, nous sommes dans une culture dominé depuis tou-jours par l’homme ». Pour Michelle, il suffit de regarder nos élites politiques où il existe une « sous représentation féminine », dans le même ordre d’idées elle nous explique que les grandes loges maçonniques sont essentiellement masculines et que la présence de femmes est stricte-ment interdite.
Le combat contre les inégalités entre hommes et femmes a encore de beaux jours devant lui. Au cœur de la manifestation, plusieurs slogans s’entrechoquent, les messages sont parfois confus mais l’essentiel est là : le mouvement féministe compte bien peser sur les débats à l’heure où la femme du XXI ème siècle cherche à s’affirmer (NDLR : du 15 au17 octobre se tenait à Deauville le 5ème forum des Femmes, un « Davos » au féminin).
Arrivés place de l’Opéra on se disperse, plusieurs responsables associatifs prennent la parole, micro en main, pour évoquer le succès de la manifestation et remercier tout le monde. On appelle à la mobilisation, et surtout à ne pas baisser les bras. Martine Aubry a depuis long-temps quitté la manifestation, les cameras TV aussi, restent les militants de la première heure et Stéphanie notre élue CGT qui résume bien la situation: « il y aura toujours des femmes fortes de leurs convictions qui combattront les inégalités, mais en attendant des femmes souffrent ». Le combat continue, c’est celui d’une vie.

Guillaume Stoll

The URI to TrackBack this entry is: https://gstollmyblog.wordpress.com/2009/10/18/8/trackback/

RSS feed for comments on this post.

Laisser un commentaire