Ces ultras incompris

A l'origine de gigantesques tifos, comme ici à Marseille, les Ultras sont garants d'une bonne animation à chaque match. Photo : OM.net

Alors que les pouvoirs publics s’interrogent sur les solutions à apporter aux phénomènes de violence autour du football, les groupes de supporters Ultras font part de leur malaise et craignent l’amalgame.

Stigmatisés, montrés du doigt et tenus responsables des débordements en marge des terrains, les Ultras sont aujourd’hui la cible des instances nationales. Cette saison en France est en effet émaillée de nombreux incidents. De Paris à Nice en passant par Grenoble et Montpellier, des actes de violences sont venus gâcher la fête. Après la médiatique dissolution des Boulogne Boys en 2008, la multiplication des interdits de stade et les nouvelles mesures répressives, ces « professionnels du supportérisme » s’inquiètent d’un climat qu’ils jugent de plus en plus hostile et néfaste au football tel qu’il le conçoit. Mais en quoi un ultra se distingue t-il des autres supporters ?. « Il est là pour animer son stade, défendre son groupe quand il le faut, représenter sa ville partout où joue son équipe, il vit sa passion à fond voir même pousser à l’extrême » explique Mathieu, un membre actif des Ultras Auxerre. C’est donc avant toute chose une mentalité, des valeurs à défendre.

Anti-système

Souvent évoqués sans jamais vraiment les connaître, les Ultras sont dans l’œil du cyclone. Supporters actifs de leur club, chargés de l’animation des stades (tifos, chants…), ils organisent leurs activités sous une forme associative. Se considérant comme des acteurs indispensables du football, ils agissent selon le même mode qu’un syndicat. En majorité jeunes, ces « rebelles » du système se refusent à accepter la morale du fair-play qu’ils considèrent comme hypocrite.
«Aux yeux des ultras, le football est un combat entre deux camps et qu’il faut gagner » expliquait Nicolas Hourcade, sociologue, à l’issue du Congrès National des Associations de Supporters organisé fin janvier. « Cela légitime d’insulter l’adversaire et de lui mettre la pression » ajoutait-il. Une mentalité aux antipodes de la vision consensuelle à laquelle adhère la grande famille du football français. En lutte contre le pouvoir de l’argent et le business qui entoure ce sport, ils ont pour objectif d’être reconnus comme des acteurs à part entière du football.

Le rapport à la violence

« Solidarité, entraide, fraternité, esprit de groupe, humilité et cohésion sont des mots forts qui veulent dire beaucoup de choses dans le mouvement » ajoute Mathieu, qui du haut d’une nacelle en tribune se charge de « réveiller » les supporters d’Auxerre. Pour ce qui est du recours à la violence, le sujet reste encore tabou. Officiellement, ils la rejette, ceci les distinguent d’ailleurs des hooligans qui n’appartiennent à aucun groupe et composent ceux que l’on appelle les « indépendants ». Pour autant quelques ultras n’hésitent pas à franchir le pas. « Il existe des rivalités très fortes entre certains clubs » reconnaît-il.
Seulement, après la mort d’un supporter parisien la semaine dernière, l’étau se resserre et menace de toucher durement le milieu Ultra qui animent nos stades.
Le foot étant le miroir de la société, le risque serait d’adopter un modèle Anglais avec des stades hyper vidéo-surveillés, uniquement accessibles pour quelques riches privilégies triés sur le volet.

Guillaume Stoll

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