Laïcs : Ne vous voilez pas la face !

Le port de la burqa fait débat en France, son interdiction serait fidèle à l'esprit laïc Français. DR

L’Assemblée Nationale s’apprête à voter le 11 mai prochain une résolution en faveur de l’interdiction du port du voile intégral préalable à une loi. Après les débats soulevés par la commission d’enquête parlementaire et la coïncidence d’un débat sur l’identité nationale maladroit, le Parlement s’apprête donc enfin à légiférer. Appelés à la modération après les recommandations du Conseil d’État, les parlementaires de la majorité devrait pourtant soutenir l’idée d’une interdiction générale sur la place publique du niqab. Après une longue période de discussions et de controverses, il était grand temps de passer à l’action et d’en finir avec un débat qui tournait en rond. Contraire à l’idée de la dignité de la femme et portant atteinte aux principes d’égalité des sexes, la burqa n’a en effet rien à voir avec l’Islam laïc tel qu’il est imaginé en République Française. Ne devant être prisonnière d’aucune idéologie ni otage d’intérêts à des fins électoralistes, cette question nous interroge avant tout sur la société que nous souhaitons. Basée sur la sacro sainte laïcité qui fait notre exception, la France a toujours, depuis 1905, exprimé sa méfiance à l’égard des expressions excessives de religiosité. Sans renier ses racines judéo-chrétiennes, la France se doit d’ouvrir plus largement sa place à un Islam de France et cela dans un strict respect des principes de laïcité. Croire, et ce quelque soit son culte, est une liberté fondamentale qui ne saurait être respectée sans en réserver son exercice à la seule sphère privée. Le retour du religieux étant souvent signe d’une incapacité de l’État à répondre aux besoins de la société, la burqa en étant l’expression la plus radicale, elle n’a donc pas sa place en France et ce peu importe la religion qu’elle légitime.

Guillaume Stoll

3 questions à : Nicolas Dupont Aignan

Ancien candidat à l’élection Prési-dentielle de 2007, Nicolas Dupont Aignan a quitté l’UMP début 2007 en raison de désaccords profonds avec Nicolas Sarkozy. (CP : AFP)

« Le gouvernement est piégé par son propre débat »

Nicolas Dupont Aignan, député maire de Yerres (91) et Président de Debout la République, exprime son sentiment au sujet du débat lancé sur l’identité nationale en France.

Quelle est votre opinion sur le débat qu’a lancé le ministre de l’immigration, Eric Besson, sur l’identité nationale ?

Nicolas Dupont Aignan : C’est un débat qui pourrait être merveilleux s’il n’était pas instrumentalisé à des fins politiciennes. Je défends depuis toujours l’identité nationale, je crois que c’est une question clé de l’avenir de notre pays. Pour autant, ce n’est pas en traitant ce débat de ma-nière médiocre, qu’il pourra porter ses fruits. L’identité nationale n’a de sens que si elle est le fruit de politiques publiques. Il faut s’interroger sur le sens que l’on donne à l’exception française.

Qu’est-ce qu’être Français selon vous ?

C’est assez simple. Etre Français, c’est aimé son pays et porté des valeurs précises : liberté, égalité et fraternité. Tout est contenu dans cette magnifique devise. Il faut aussi défendre la langue Française, tout le contraire de ce que fait actuellement le Président de la République.

Le débat engagé sur les minarets après la votation en Suisse, doit-il se greffer à celui sur l’identité nationale en France ?

Quand on lance un débat, on n’a pas le droit d’en interdire les suites. Le gouvernement est piégé par son propre débat. Tout d’un coup c’est toute la classe politico médiatique qui s’insurge au sujet des minarets, mais ça fait partie du débat ! La question des paysages, la place de la religion, la laïcité, les relations entre musulmans et non mu-sulmans. Il ne doit pas y avoir de tabou dans le débat sur l’identité nationale, sinon on ne peut plus parler de débat. Le gouvernement a exploité le débat sur l’identité nationale et maintenant ça lui revient comme un boomerang dans la figure. Ou alors il ne fallait pas le lancer. On se plaint de certaines dérives mais il faut accepter le fait que les Français aient un avis. Les Suisses ont voté et fait un choix, ne sont-ils pas plus adultes que nous finalement ? Que les Français fassent leur choix dans ce débat. Le vrai problème, c’est que c’est un débat hypocrite lancé pour redorer le blason d’un traître (NDLR : Eric Besson).

Propos recueillis par Guillaume Stoll