Freddy a ressorti ses griffes au Rex

Freddy, référence du cinéma d’horreur, revient avec un remake à 27 millions d’euros de budget. L’avant-première au Rex avait lieu samedi soir. CP : DR

Le célèbre Freddy Krueger est de retour pour hanter nos nuits. Freddy – Les Griffes de la nuit, qui sortira le 12 mai prochain dans toutes les bonnes salles est le remake attendu du chapitre 1.

Vingt-cinq ans après l’original, les fans de la franchise d’horreur s’étaient donnés rendez-vous samedi soir au Grand Rex, à Paris, pour l’avant-première. Peu avant 20 heures, ils sont des dizaines à attendre patiemment le début de la séance et à braver la pluie aux portes du Grand Rex (IXe). Beaucoup sont des inconditionnels de la série, d’autres de simples amateurs de grands frissons, mais tous attendent le grand retour du croque-mitaine le plus célèbre du grand écran. A l’entrée du cinéma, l’affiche du film donne le ton : chapeau fixé sur la tête, gueule cramée, pull en laine rayée et troué, Freddy aiguise ses griffes et se prépare à nous faire peur. D’ailleurs, il ne faut pas s’y tromper, les cinéphiles présents n’attendent que cela. En tête de file et arrivés avant tout le monde, Michael et Sarah, un couple autour de la quarantaine, sont des adeptes du cinéma d’horreur et ils n’auraient raté pour rien au monde cette première séance. « On aime beaucoup ce genre de films, notre vidéothèque en est rempli, de Massacre à la Tronçonneuse à La colline a des yeux, on les connaît tous » témoigne Michael. Plus loin dans la queue, Rachid, étudiant, est lui venu par curiosité, pas particulièrement connaisseur de la saga, il est ici pour passer simplement « un bon moment » et « avoir peur bien sûr ». Il est l’heure, la projection peut commencer.

Des frissons et des rires

Dans une salle annexe de cinq cent places presque au deux tiers pleine, il y règne un parfum d’excitation. Si des petits groupes de jeunes s’amusent à se faire peur à l’extinction des lumières, d’autres personnes se réjouissent d’être venues accompagnées. Le film débute et seul le plafond étoilé de la salle nous rappelle que l’on est au cinéma. Première scène, premier mort,  frissonnement dans la salle, le ton est donné, le public sursaute puis des rires… 1 heure quarante deux plus tard, quelques litres d’hémoglobines entre temps, son lot de jeunes décérébrés sauvagement tués par l’abominable Freddy, le film déçoit. Constat amer pour une bonne partie du public. Avec un scénario cousu de fil blanc, un manque d’imprévisibilité et un suspense absent, ce Freddy version 2010 a davantage fait rire son auditoire que peur.

C’était mieux avant

A la sortie la déception prédomine chez les fans. François, 32 ans, adepte invétéré des Freddy depuis le tout premier en 1987, cache mal sa désillusion. « Ce remake est complètement raté, il ne fait pas peur et ne possède pas l’âme des anciens films. Freddy apparaît dès la première scène, ce qui gâche profondément tout effet de surprise pour la suite ». Déçu car il attendait beaucoup du retour de cette icône de l’épouvante, il s’en retourne regarder avec nostalgie les anciens en DVD. Le frère de François, qui déteste ce genre de films, l’accompagnait par sympathie, on ne l’y reprendra pas deux fois. « Ce film est nul » dit-il sèchement. A coup sûr, Freddy ne convaincra pas les profanes de l’horreur cinématographique, les passionnés, eux, préfèrent déjà oublier ce coup de griffe raté.

Guillaume Stoll

Laïcs : Ne vous voilez pas la face !

Le port de la burqa fait débat en France, son interdiction serait fidèle à l'esprit laïc Français. DR

L’Assemblée Nationale s’apprête à voter le 11 mai prochain une résolution en faveur de l’interdiction du port du voile intégral préalable à une loi. Après les débats soulevés par la commission d’enquête parlementaire et la coïncidence d’un débat sur l’identité nationale maladroit, le Parlement s’apprête donc enfin à légiférer. Appelés à la modération après les recommandations du Conseil d’État, les parlementaires de la majorité devrait pourtant soutenir l’idée d’une interdiction générale sur la place publique du niqab. Après une longue période de discussions et de controverses, il était grand temps de passer à l’action et d’en finir avec un débat qui tournait en rond. Contraire à l’idée de la dignité de la femme et portant atteinte aux principes d’égalité des sexes, la burqa n’a en effet rien à voir avec l’Islam laïc tel qu’il est imaginé en République Française. Ne devant être prisonnière d’aucune idéologie ni otage d’intérêts à des fins électoralistes, cette question nous interroge avant tout sur la société que nous souhaitons. Basée sur la sacro sainte laïcité qui fait notre exception, la France a toujours, depuis 1905, exprimé sa méfiance à l’égard des expressions excessives de religiosité. Sans renier ses racines judéo-chrétiennes, la France se doit d’ouvrir plus largement sa place à un Islam de France et cela dans un strict respect des principes de laïcité. Croire, et ce quelque soit son culte, est une liberté fondamentale qui ne saurait être respectée sans en réserver son exercice à la seule sphère privée. Le retour du religieux étant souvent signe d’une incapacité de l’État à répondre aux besoins de la société, la burqa en étant l’expression la plus radicale, elle n’a donc pas sa place en France et ce peu importe la religion qu’elle légitime.

Guillaume Stoll

Le journalisme à l’épreuve du Web

Outil devenu indispensable, Internet est une mine d'informations où il devient difficile de démêler le vrai du faux. Largement investi par les journalistes, le Web amène à penser différemment une profession qui s'interroge. Photo : DR

Face à l’apparition de nouveaux médias numériques comme Internet, le journalisme est en proie aux doutes. De nouvelles perspectives s’ouvrent, mais le ciment des fondations de ce nouveau marché reste encore fragile.

Alors que la presse écrite est plongée dans la plus grave crise qu’elle est connue, avec des ventes qui se maintiennent difficilement, elle doit faire face aujourd’hui à l’explosion du Net. Avec la multiplication des sites d’informations, des réseaux sociaux et des micro-blogging, il suffit souvent d’un clic pour s’informer, et ce, à travers le monde. Confrontés à une telle explosion, les codes changent et la gestion de l’information en devient chamboulée. Privilégiant souvent le « hot news », Internet s’apparente souvent aujourd’hui à une course au scoop, offrant une information souvent formatée et parfois non recoupée. Il faut donc savoir choisir les sites les plus sérieux pour espérer trouver une information fiable.

Élevés au gratuit
Les principaux quotidiens nationaux ou hebdomadaires l’ont bien compris, leur présence sur le Web est indispensable. Les contenus gratuits côtoient les payants et il n’est pas toujours facile pour l’internaute de s’y retrouver.
Numéro un des sites français d’information devant LeFigaro.fr avec un total de 46,5 millions de visites pour le seul mois de janvier 2010, LeMonde.fr compte 100 000 abonnés payants (40 000 abonnés purement sur Internet, les 60 000 autres ont un accès compris avec leur abonnement pour le papier). Véritable référence de la presse, Le Monde a ainsi choisi de mettre en ligne contre abonnement le contenu écrit de son journal.
Mais il n’est pas toujours facile face à l’afflux de l’information rapide et gratuite, de convaincre l’internaute de payer. Seulement 4 000 abonnés pour Libération.fr, un contenu encore très largement gratuit pour LeFigaro.fr, même si la tendance va progressivement vers une information payante, la « génération Web » reste élever au tout gratuit.
La fortune est diverse pour certains médias exclusivement sur Internet, si quelques uns ont réussi leur pari d’autres sont au bord du gouffre financier faute d’équilibre économique, c’est le cas notamment de Backchich.info qui perd beaucoup d’argent.
Médiapart, lancé en 2008 par Edwy Plenel, a su pour sa part tirer son épingle du jeu avec 24 000 abonnés à neuf euros par mois. Refusant la publicité et se proclamant indépendant de tout pouvoir, le site a su trouvé son public et s’est fait une spécialité de railler la politique de Nicolas Sarkozy. Une ligne éditoriale parfaitement assumée et qui n’hésite pas à se confronter à la presse écrite. « Médiapart est un journal en ligne d’information généraliste, s’adressant à une clientèle que ni l’offre papier existante ni l’offre en ligne ne satisfont aujourd’hui » peut-on lire en présentation sur le site.
« La presse écrite va forcément devoir évoluer car elle n’a pas la même réactivité qu’Internet, elle va devoir s’adapter » explique Sophie Dufau, rédactrice en chef adjointe. S’érigeant en véritable contre pouvoir, Internet n’hésite pas à donner quelques leçons à la presse écrite. « Elle manque parfois de profondeur » assure la journaliste. Dur constat.

La mode du participatif
L’autre tendance qui inquiète la profession avec l’émergence de l’outil numérique est l’apparition du citoyen expert. Avec la multiplication des sites d’information participatif du type d’AgoraVox ou le développement de la blogosphère l’internaute lambda peut se mettre dans la position d’un journaliste et rédiger un article. Le citoyen n’est plus alors un simple récepteur mais devient émetteur d’informations, un média citoyen en somme.
Faire participer à l’information, donner une prime à la créativité peut avoir des vertus mais la profession s’inquiète d’un tel phénomène. Où est la neutralité journalistique ? Comment croire en la fiabilité des informations si celles-ce ne sont pas nécessairement recoupées ? Tant de questions qui interrogent sur l’utilité d’un tel outil et qui menace pour certains de tuer la crédibilité du journalisme.
Lepost.fr, site communautaire qui rencontre le plus de succès en France avec plus de 7,5 millions de visites par mois, fonctionne sur un mode contributif non rémunéré. S’il contient une rédaction chargée de filtrer les textes proposés par les internautes, le concept trouve ses limites. Dans un documentaire portant sur la presse en ligne, intitulé Les effroyables imposteurs et diffusé le 9 février dernier sur Arte, les dix journalistes de la rédaction du Post qui sont chargés de modérer les billets mis en ligne par les internautes non journalistes sont pointés du doigt. Ils sont en effet montrés comme incapables de contenir la diffusion de rumeurs et autres fausses informations.
Une observation rattrapée par l’actualité. En effet la récente rumeur concernant le couple présidentiel français est partie d’un blog du Journal du Dimanche avant de faire tâche d’huile dans toute la presse étrangère. Une information visiblement infondée et qui aurait méritée d’être vérifiée avant d’être publiée. Le journalisme à l’ère d’Internet ou la crainte de la perte des fondamentaux.

Guillaume Stoll

Benjamin Muller : « Les réseaux sociaux ont une capacité de relais assez incroyable »

Benjamin Muller anime une chronique chaque matin sur France Info où il décrypte l'information sous le prisme des réseaux sociaux. Photo : France Info

Benjamin Muller, journaliste à France Info et spécialiste du Web revient sur l’expérience du « Huis-clos sur le Net » réalisée en février dernier et sur l’apport d’un outil comme Twitter.

Pouvez-vous rappeler le concept de l’expérience du huis-clos sur le Net, à laquelle vous avez participé en février dernier avec quatre autres journalistes ?
Benjamin Muller : On était cinq journalistes à s’être enfermés pendant une semaine dans une maison du Périgord. On n’avait pas accès aux médias traditionnels comme la radio, la télévision et la presse écrite, l’objectif étant donc de s’informer uniquement à travers les réseaux sociaux Twitter et Facebook. Notre accès au Web était restreint et nous avions uniquement le droit de cliquer sur les liens affichés sur les pages des réseaux sociaux.

Quel bilan en avez-vous tiré ?
Le principal constat est que l’on n’est passé à côté d’aucune information importante. En s’informant d’une telle façon, on a rien manqué d’indispensable. En revanche, on a pas toutes les clés de compréhension pour analyser une information, on la reçoit de manière brute sans avoir les outils de décryptage.

Peut-on s’informer uniquement avec Twitter ou Facebook ?
Je crois qu’il faut les voir comme des outils complémentaires qui restent en relation avec les médias  traditionnels comme la radio ou la presse écrite. Par contre si on aime l’information, la comprendre et que l’on veut aller plus loin en se faisant un esprit critique, il est certain que les réseaux sociaux sont insuffisants. Je pense donc qu’il est utile de les associer, de les percevoir comme une valeur ajoutée. Ils ont une fonction d’alerte, des capacités de relais assez incroyable, c’est pour cette raison qu’il faut s’en servir.

« Ce rôle d’alerte doit être pris au sérieux »

Le problème n’est-il pas qu’un micro-blogging comme Twitter par exemple soit essentiellement constitué de journalistes qui s’auto-alimentent  en informations ?
Je n’ai pas le sentiment qu’il n’y ait que des journalistes, la plupart de mes contact sur Twitter ne le sont pas. Après si tant est qu’ils soient nombreux, ils bénéficient justement de  davantage de légitimité  pour relayer une nouvelle.

Vous employez-vous à systématiquement vérifiez la fiabilité des informations relayées via Twitter ?
Ce rôle d’alerte se devant d’être pris au sérieux, on s’emploie pour autant à toujours vérifier la véracité des faits, on ne doit donc pas s’en servir comme d’un fil AFP. On continue de recouper nos sources.

« C’est un phénomène nouveau qu’il faut savoir intégrer à notre travail »

Comment voyez-vous évoluer la place des réseaux sociaux dans leur rapport avec le journalisme ?
C’est un phénomène nouveau qu’il faut savoir intégrer dans notre travail. J’en retiens deux principales  utilités. D’une part cela peut être très utile dans la recherche de témoins, il devient ainsi aisé d’effectuer des appels à témoin et on obtient très souvent des réponses rapides.
D’autre part, le moindre fait ou événement peut être très rapidement relayé par un témoin présent sur place et ayant accès à ces réseaux. L’information circule plus rapidement, il n’ y a plus de frontière de temps comme auparavant.
Par exemple suite à l’attentat qui s’est déroulé en Russie, il nous a fallu peu de temps avant de recevoir des photos prises par des témoins. Un simple citoyen-journaliste peut aujourd’hui prendre une photo, la mettre en réseau et celle-ci fait le tour du monde des rédactions.

Comment  les journalistes de la « vieille génération » réagissent face à cette évolution, eux qui ne sont pas nés avec les médias numériques ?
Globalement, ils ont du mal à l’accepter. Certains considèrent que cela manque de sérieux. Il faut ne faut pas  caricaturer, il faut absolument s’essayer avant de critiquer. Il faut bien expliquer  que les journalistes qui utilisent Twitter ne considère pas celui-ci comme un organe de presse à part entière. Ce n’est pas notre conception.

N’y a t-il pas pour autant un risque de dérives quand on voit à quelle vitesse la rumeur sur le couple présidentiel français s’est répandue sur Twitter ?
Oui il est vrai qu’il existe un risque de dérives, le réseau a les défauts de ses qualités. Comme tout va très vite, les choses sont parfois accentuées. Il peut suffire qu’une absurdité ou une rumeur soit mise en ligne pour que très rapidement il y est un buzz. Les responsables ce sont alors les journalistes qui en décidant de twitter [NDLR : reprendre] cette rumeur, la transforme en information. Les bases du journalisme restent intactes, il faut juste pouvoir s’adapter à un nouvel outil.

Propos recueillis par Guillaume Stoll

Très chère image

Photo : DR

Les footballeurs savent soigner leur image, ils la bichonnent même, la travaillent, conscients de l’importance accordée aujourd’hui à l’apparence. L’art de communiquer au mieux, voilà ce que l’on tente d’apprendre à nos stars du ballon rond. Et pour cela, les médias sont nombreux à prétendre participer à la définition de leur notoriété. Ils sont même prêts à se battre entre eux pour obtenir des contrats exclusivité avec tel ou tel joueur.
Les chaînes de télévision adorent avoir des contrats exclusifs avec certains joueurs de football. En en réalité, les chaînes veulent avoir des interviews exclusives, des reportages, les nouvelles des joueurs. Parfait outil de communication, le contrat joueur-chaîne a le mérite d’être gagnant gagnant pour les deux parties : le joueur fait parler de lui positivement et le média bénéficie d’informations exclusives.
L’exemple qui illustre le mieux cette tendance est celui de l’émission dominicale « Téléfoot », ancienne référence d’information footballistique pour tous les footeux, le contenu du programme a fortement évolué ces dernières années depuis la perte des droits de rediffusion de la Ligue 1par TF1.
Conséquence : l’émission est quasiment devenue, un organe de communication pour bon nombres de joueurs ou institutions. Elle se résume presque chaque semaine a de très (trop) nombreux reportages sur les mêmes joueurs sous contrat avec la première chaîne. Ribéry, Benzema, Anelka ou encore les footballeurs africains Drogba et Eto’o sont devenus les acteurs de leur propre communication à travers de très nombreux sujets diffusés chaque dimanche. Ribéry assis confortablement chez lui qui évoque sa famille, sa femme et ses origines de Ch’ti ou encore Anelka qui nous accueille dans sa luxueuse villa de la banlieue londonienne, il n’y a pas à dire TF1 nous gate, mais à quel prix ? D’un point de vue journalistique, même si l’émission n’a jamais eu la prétention d’être dans l’impertinence, elle perd néanmoins de son aura en se contentant de relayer le feuilleton hebdomadaire de ses footballeurs favoris. D’ailleurs même si ces derniers continuent d’être performants et de soulever les foules, demeure la question du pluralisme. En effet, il est légitime de s’interroger sur cette dérive « marketing » du journalisme sportif où le footballeur n’est que produit et le journaliste vendeur de rêves.

Guillaume Stoll

Langue de footballeur

Eric Cantona est connu pour ne pas garder sa langue dans sa poche, adepte du politiquement incorrect. Le public est resté friand de ses mythiques sorties médiatiques. Photo : DR

Pas avares de bons mots à la sortie des matches, les footballeurs professionnels savent que répondre aux journalistes fait partie du rituel. Passage obligé, la rencontre avec la presse distingue les bons des mauvais clients. Exister médiatiquement, c’est aussi être présent aux yeux de l’opinion.

A chaque fin de match, chaque conférence de presse ou interviews improvisées, c’est toujours la même rengaine. Les mêmes visages empreints de sérieux et surtout les mêmes expressions, éculées, à croire que tous les footballeurs sont passés par le même « école ». Lieux communs, phrases toutes faites, discours formatés, du « on prend les matches les uns après les autres » au « je suis satisfait d’avoir marqué un but mais ce qui prime reste le collectif », on assiste systématiquement à un florilège de langue de bois sans saveur. C’est pourtant face aux journalistes que se forge la personnalité d’un sportif de haut niveau pour l’opinion. Au delà du terrain, d’un point de vue extra-sportif, le joueur est souvent sollicité par les médias. Les bonnes performances attirent bien entendu les micros mais ceux qui réussiront d’une façon ou d’une autre à se distinguer de la masse gagneront un supplément de côte non négligeable.

Le charisme d’un Cantona
Le charisme voilà ce qui fait qu’un footballeur peut prendre une autre dimension. Dans une société médiatique comme celle d’aujourd’hui, le poids des mots ou le silence signifie toujours quelque chose. En France, les meilleurs savent manier la langue de bois et les « grandes gueules » se sont plus rares. On en vient donc à regretter les légendaires montées d’adrénaline que procuraient les sorties médiatiques d’un Cantona, pas connu pour garder sa langue dans sa poche. Comme des enfants qui attendent leurs friandises, les journalistes étaient à chaque fois tout excités à l’idée d’entendre le « King » s’exprimer. A la recherche de la petite phrase qui ferait la polémique toute une semaine dans les milieux du foot, les journalistes en auront pourtant pris pour leur grade. Comme ce jour ou le mémorable Canto les compara à de vulgaires mouettes. « Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est qu’elles pensent qu’on va leur jeter des sardines » dit-il, il y a une vingtaine d’années, à des journalistes cherchant la petite phrase après sa suspension pour un coup de pied à la carotide sur un supporteur adverse.

Personnage à part entière du milieu footballistique. Cantona a été ce que l’on nomme un bon client. Très bon footballeur mais sans le génie d’un Platini ou d’un Zidane, Cantona n’en demeure pas moins aussi connu que ces deux derniers en dehors des passionnés de football.
Beaucoup ont en effet marqué plus de buts que Cantona, se sont montrés meilleurs athlètes, plus impressionnants dribbleurs. Indéniablement, si Eric Cantona a marqué la mémoire, c’est avant toute chose pour son panache. Se comportant sur les terrains comme un comédien, un homme de théâtre, apportant au jeu et à ce qui l’entoure, une toute nouvelle dimension de spectacle.
Il s’est en fait illustré comme la première grosse machine à promotion publicitaire du football international.

La discrétion de Zidane
A contrario, Zinédine Zidane, le joueur le plus talentueux de ses vingt dernières années, incarne l’anti-Cantona. Discret dans la vie, il a cultivé l’art de la parole rare. Peu à l’aise devant un micro, jamais un mot plus haut que l’autre, le génie, natif de Marseille, a privilégié la carte de la discrétion médiatique. Plus sanguin sur le terrain, comme ce soir de 6 juillet 2006 lorsqu’il donna un violent coup de boule à l’Italien Materazzi en finale de coupe du monde, l’ancien joueur de la Juventus de Turin se sait plus timide en présence des médias. Cette discrétion assimilé à de la modestie par l’opinion Française a beaucoup joué sur sa personnalité. Eloigné du stéréotype classique du footballeur millionnaire, il est apparu comme étant quelqu’un de humble gardant la tête sur les épaules. Aux interrogations personnelles des journalistes, il répond toujours « collectif », sauf que contrairement à ses acolytes cet altruisme transpire de sincérité quand on connaît un peu la personne.
Au football, la performance fait toujours parler d’elle mais ce qui crée plus que tout la passion, ce sont les caractères des principaux acteurs, leur façon de raconter une histoire aux supporteurs. La langue du footballeur est scrutée, pas toujours comprise mais elle forge une personnalité.

Guillaume Stoll

Final Fantasy ou le paroxysme de l’imaginaire

Final Fantasy XIII est le premier opus disponible sur les consoles nouvelle génération, une véritable prouesse technique tant les graphismes ont atteint un niveau jusqu'ici jamais égalé. Photo : FFworld.

Série mondialement connue, icône du jeux de rôle dans le paysage jeux vidéoludique, Final Fantasy vient d’accoucher d’un XIIIe épisode. Dans un univers où le conformisme fait souvent loi, le jeu Japonais fait figure d’ovni créatif. 

A chaque sortie d’épisode, même scénario. Une foule de fans en folie, prêt à camper toute une nuit devant la façade d’un célèbre mégastore de l’avenue des Champs Élysée, voilà à quoi ressemble le phénomène Final Fantasy. Disponible depuis le 9 mars en Europe sur Playstation 3 et Xbox 360, l’opus numéro XIII s’est déjà vendu à ce jour à plus de 5 millions d’exemplaires à travers le monde. Ne dérogeant pas à la règle, le nouveau bébé du géant Japonais Square Enix reprend les recettes gagnantes de la série. Un nouvel univers, une once de magie, un scénario chiadé et un brin de fantastique, FF [NDLR : Final Fantasy] est de retour après quatre longues années de développement. Théologie, lutte contre le mal, destins croisés, le nouveau soft nippon manie les grandes thématiques et propose un scénario de Science Fiction allié à quelques clichés digne d’un bon soap Japonais. Au delà du XIII, la série phare a acquis un tel prestige qu’elle subit sans cesse une demande d’exigence toujours plus forte des joueurs.

Succès planétaire

Adulée par les « rôlistes », puristes du jeux de rôle (RPG en anglais), la saga nipponne a été écoulée à plus de 95 millions d’exemplaires à travers le monde depuis le premier épisode sorti en 1987 sur Nintendo.
Popularisée après la sortie du VII sur Playstation en 1997, la série a depuis élargie son public de gamers pour s’ouvrir aux non initiés. « L’engouement de la série ne se dément pas parce que Final Fantasy établit un équilibre entre une vraie prise de risque et un degré de qualité optimale » témoigne Jérémie Kermarrec, rédacteur en chef du site Ffworld. Troisième plus grosse franchise de l’histoire des jeux vidéos derrière Mario et Pokémon de Nintendo, FF a joué un rôle décisif pour rendre le RPG populaire et accepté. Toujours à la pointe graphiquement et musicalement, il déçoit rarement. Aucun des principaux épisodes ou de ses dérivés sur console de salon n’a été vendu à moins de 1 million de copies, signe d’un succès incontestable. Rarement une saga n’aura réussi à rassembler tous les continents sur un seul et même titre.

Œuvre artistique

« Depuis le septième épisode, tous les Final Fantasy sont des jeux spectaculaires, et c’est sans doute ce qui attire toute l’attention des joueurs. Et s’ils restent fidèles à la série, c’est parce que derrière la prouesse technique se cache toujours un univers complet et travaillé » explique le responsable du site Ffworld.
Le principe de la série étant de repartir à zéro à chaque nouveau titre, c’est d’une certaine manière la règle du jeu. Chaque nouvel épisode est en effet complètement différent des précédents, la série fait donc de cette redécouverte permanente une base. Reste qu’un Final Fantasy conserve toujours ce génie imaginatif qui le distingue des autres blockbusters, ce zeste de magie qu’apprécie les joueurs exigeants.

Guillaume Stoll

Ces ultras incompris

A l'origine de gigantesques tifos, comme ici à Marseille, les Ultras sont garants d'une bonne animation à chaque match. Photo : OM.net

Alors que les pouvoirs publics s’interrogent sur les solutions à apporter aux phénomènes de violence autour du football, les groupes de supporters Ultras font part de leur malaise et craignent l’amalgame.

Stigmatisés, montrés du doigt et tenus responsables des débordements en marge des terrains, les Ultras sont aujourd’hui la cible des instances nationales. Cette saison en France est en effet émaillée de nombreux incidents. De Paris à Nice en passant par Grenoble et Montpellier, des actes de violences sont venus gâcher la fête. Après la médiatique dissolution des Boulogne Boys en 2008, la multiplication des interdits de stade et les nouvelles mesures répressives, ces « professionnels du supportérisme » s’inquiètent d’un climat qu’ils jugent de plus en plus hostile et néfaste au football tel qu’il le conçoit. Mais en quoi un ultra se distingue t-il des autres supporters ?. « Il est là pour animer son stade, défendre son groupe quand il le faut, représenter sa ville partout où joue son équipe, il vit sa passion à fond voir même pousser à l’extrême » explique Mathieu, un membre actif des Ultras Auxerre. C’est donc avant toute chose une mentalité, des valeurs à défendre.

Anti-système

Souvent évoqués sans jamais vraiment les connaître, les Ultras sont dans l’œil du cyclone. Supporters actifs de leur club, chargés de l’animation des stades (tifos, chants…), ils organisent leurs activités sous une forme associative. Se considérant comme des acteurs indispensables du football, ils agissent selon le même mode qu’un syndicat. En majorité jeunes, ces « rebelles » du système se refusent à accepter la morale du fair-play qu’ils considèrent comme hypocrite.
«Aux yeux des ultras, le football est un combat entre deux camps et qu’il faut gagner » expliquait Nicolas Hourcade, sociologue, à l’issue du Congrès National des Associations de Supporters organisé fin janvier. « Cela légitime d’insulter l’adversaire et de lui mettre la pression » ajoutait-il. Une mentalité aux antipodes de la vision consensuelle à laquelle adhère la grande famille du football français. En lutte contre le pouvoir de l’argent et le business qui entoure ce sport, ils ont pour objectif d’être reconnus comme des acteurs à part entière du football.

Le rapport à la violence

« Solidarité, entraide, fraternité, esprit de groupe, humilité et cohésion sont des mots forts qui veulent dire beaucoup de choses dans le mouvement » ajoute Mathieu, qui du haut d’une nacelle en tribune se charge de « réveiller » les supporters d’Auxerre. Pour ce qui est du recours à la violence, le sujet reste encore tabou. Officiellement, ils la rejette, ceci les distinguent d’ailleurs des hooligans qui n’appartiennent à aucun groupe et composent ceux que l’on appelle les « indépendants ». Pour autant quelques ultras n’hésitent pas à franchir le pas. « Il existe des rivalités très fortes entre certains clubs » reconnaît-il.
Seulement, après la mort d’un supporter parisien la semaine dernière, l’étau se resserre et menace de toucher durement le milieu Ultra qui animent nos stades.
Le foot étant le miroir de la société, le risque serait d’adopter un modèle Anglais avec des stades hyper vidéo-surveillés, uniquement accessibles pour quelques riches privilégies triés sur le volet.

Guillaume Stoll

Zemmour, trublion de droite du PAF

Eric Zemmour, nouvelle star des médias, est garant d’une bonne polémique à chacune de ses sorties médiatiques. © D.R

Le journaliste Eric Zemmour défraye assez régulièrement la chronique. Spécialiste des dérapages contrôlés dans les médias, le polémiste attitré de « On n’est pas couché » sur France 2 fait actuellement la promotion de son nouveau livre, Mélancolie Française. Belle occasion de dégainer ses arguments, quitte à susciter encore la polémique. 

Il est aujourd’hui impossible de le rater. Tant à la télévision, où il participe à l’émission de Laurent Ruquier chaque samedi soir, sur I-Télé où il est en débat avec Nicolas Domenach, qu’à la radio où il anime une chronique durant la matinale de RTL. Eric Zemmour n’a pas peur de la surdose. Journaliste au Figaro, il suscite l’adhésion ou la détestation. Le mal-aimé de « la bien pensance de gauche » selon ses dires, se refuse à parler de dérapages, « ce terme est devenu la nouvelle manière de censurer les gens » explique t-il. 

Le politiquement incorrect 

La dernière polémique en date remonte au samedi 6 mars. Invité de Thierry Ardisson dans « Salut les terriens » sur Canal Plus, le journaliste s’est violemment clashé en plateau avec Rokhaya Diallo. Face à la présidente de l’association antiraciste « Les Indivisibles », Zemmour, venu promouvoir son dernier ouvrage, a tenu des propos pour le moins limites. A l’évocation de la question des discriminations et des problèmes de contrôle au faciès de la police, le chroniqueur de « On n’est pas couché » a expliqué que « la plupart des trafiquants » étaient « Noirs et Arabes », « c’est un fait ! » conclut-il. Provoquant un véritable tollé et les sifflets de l’assistance, Eric Zemmour dit ne pas regretter ses propos depuis l’incident. Il a par ailleurs dénoncé le montage réalisé par la production et Thierry Ardisson qui ont titré sur l’extrait: « Zemmour dérape ». En attendant, le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) en appelle au Conseil supérieur de l’audiovisuel, et qualifie le discours de Zemmour de « xénophobe et raciste ».
 

L’art de la controverse selon Zemmour
 A la radio aussi pas une de ses chroniques chaque matin sur RTL ne crée pas ensuite un « buzz » sur Internet. Preuve en est, début février, il s’est mis à dos toute la communauté féministe après avoir qualifié « la loi Veil » de « pis-aller compassionnel ». Des propos jugés parfaitement sexistes. L’auteur du Premier sexe n’en n’était pas à sa première offensive contre le mouvement féministe, il estime en effet depuis longtemps cette lutte inappropriée, et la juge comme étant une « construction idéologique de la gauche ».
Rare journaliste, à se revendiquer de droite, Eric Zemmour n’était-il pas la victime idéale du PAF ? Reste que des propos sortis hors de leur contexte ne font pas un discours, et que dans un monde médiatique où règne la loi de la petite phrase, les polémiques ostracisent les vrais débats et les sujets de fond. 

Guillaume Stoll

3 questions à : Nicolas Dupont Aignan

Ancien candidat à l’élection Prési-dentielle de 2007, Nicolas Dupont Aignan a quitté l’UMP début 2007 en raison de désaccords profonds avec Nicolas Sarkozy. (CP : AFP)

« Le gouvernement est piégé par son propre débat »

Nicolas Dupont Aignan, député maire de Yerres (91) et Président de Debout la République, exprime son sentiment au sujet du débat lancé sur l’identité nationale en France.

Quelle est votre opinion sur le débat qu’a lancé le ministre de l’immigration, Eric Besson, sur l’identité nationale ?

Nicolas Dupont Aignan : C’est un débat qui pourrait être merveilleux s’il n’était pas instrumentalisé à des fins politiciennes. Je défends depuis toujours l’identité nationale, je crois que c’est une question clé de l’avenir de notre pays. Pour autant, ce n’est pas en traitant ce débat de ma-nière médiocre, qu’il pourra porter ses fruits. L’identité nationale n’a de sens que si elle est le fruit de politiques publiques. Il faut s’interroger sur le sens que l’on donne à l’exception française.

Qu’est-ce qu’être Français selon vous ?

C’est assez simple. Etre Français, c’est aimé son pays et porté des valeurs précises : liberté, égalité et fraternité. Tout est contenu dans cette magnifique devise. Il faut aussi défendre la langue Française, tout le contraire de ce que fait actuellement le Président de la République.

Le débat engagé sur les minarets après la votation en Suisse, doit-il se greffer à celui sur l’identité nationale en France ?

Quand on lance un débat, on n’a pas le droit d’en interdire les suites. Le gouvernement est piégé par son propre débat. Tout d’un coup c’est toute la classe politico médiatique qui s’insurge au sujet des minarets, mais ça fait partie du débat ! La question des paysages, la place de la religion, la laïcité, les relations entre musulmans et non mu-sulmans. Il ne doit pas y avoir de tabou dans le débat sur l’identité nationale, sinon on ne peut plus parler de débat. Le gouvernement a exploité le débat sur l’identité nationale et maintenant ça lui revient comme un boomerang dans la figure. Ou alors il ne fallait pas le lancer. On se plaint de certaines dérives mais il faut accepter le fait que les Français aient un avis. Les Suisses ont voté et fait un choix, ne sont-ils pas plus adultes que nous finalement ? Que les Français fassent leur choix dans ce débat. Le vrai problème, c’est que c’est un débat hypocrite lancé pour redorer le blason d’un traître (NDLR : Eric Besson).

Propos recueillis par Guillaume Stoll